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Les jeunes présidents de parti sur le gril: «Quand on est jeune, on peut être plus idéaliste»

- Article publié sur lavenir.net - Le texte est disponible ici.


Échevin, président des Jeunes cdH et patron d’entreprise: à 31 ans, Christophe De Beukelaer trouve qu’on évolue dans une société où l’on court trop. Explications.


C’est une sorte d’hyperactif qui dit qu’il va lever le pied. Mais il ne sait pas encore quand. Christophe De Beukelaer a 31 ans. Il est le président des Jeunes cdH, échevin et a lancé sa propre entreprise.

Ce qui devrait l’inviter à lever le pied? Son tour du monde de 15 000 km à bicyclette, avec un ami. «Après avoir bouclé mes études en ingénieur de gestion, nous sommes partis un an. C’est une claque culturelle, ça vous donne un regard critique sur la société.»


Résultat: après son retour, son embauche dans une grosse société se soldait par une démission.

«J’avais envie de m’engager. En politique? Pas nécessairement. Ma famille a développé une certaine méfiance à l’encontre de ce monde.» Mais le hasard est passé par là.


«J’ai croisé Benoît Cerexhe (bourgmestre cdH de Woluwe-Saint-Pierre et chef de file du groupe au Parlement bruxellois). Ses enfants étaient chez les scouts où j’étais chef. On a parlé. Ça correspondait à mon énergie du moment.»


À croire qu’il en a développé assez: il était élu. Suite au désistement de Francis Delpérée, il devenait échevin.


Avec cette question, s’il avait croisé une autre personne que Benoît Cerexhe, aurait-il pu devenir Écolo, MR ? «Je me pose parfois la question. Oui, peut-être. En fait, j’aimerais une synthèse des trois.»

De poursuivre: «Je suis convaincu de la pertinence des humanistes parce qu’ils remettent l’approche spirituelle de l’existence, la dimension de l’être, de la vie dans le débat. On oublie pourquoi on existe. On court trop, on est trop matérialiste.»


«La politique: de la frustration et du bonheur»


Là, l’homme n’a pas joint la parole au geste. Parce que l’échevin qu’il était en charge de toutes les matières sociales et de… l’informatique («Parce que j’étais jeune») a rajouté des couches à la lasagne.

Dans la foulée, il a lancé sa propre entreprise. «On livre des paniers de fruits dans les entreprises. Actuellement, j’ai deux employés à temps plein. Je m’en occupe un peu moins par la force des choses.»Car il y a trois ans, l’échevin-entrepreneur est devenu président des Jeunes cdH. «Ça me prend un mi-temps.»


C’est beaucoup pour un seul homme qui trouve qu’on ne rêve pas assez et qu’on est trop dans la gestion… «Alors oui, je me pose la question, est-ce que je suis heureux à courir partout? Ici, je suis à nouveau hyperactif mais les gens demandent et j’ai voulu prendre mes jobs à bras-le-corps. Mais je conserve une vie sociale active avec ma famille, mes amis. Je me donne à fond tout en me respectant.»


Christophe De Beukelaer rappelle aussi l’importance de sa société: «C’est un ancrage dans la réalité. Les taxes, les embouteillages, c’est du concret.»


La politique, justement, répond-elle à ces préoccupations terre à terre? «C’est parfois frustrant, il y a beaucoup de temps perdu. Mais il y a aussi des grands moments de bonheur. Comme lorsqu’on a lancé le taxi social à Woluwe. Ça, c’est du concret, ça aide les gens qui ne pouvaient plus sortir.»

Mais lui qui se présente à la Région, le travail de parlementaire ne l’effraie pas? «On m’a prévenu que c’était moins concret qu’échevin. Il faut bousculer la façon de travailler. Mais peut-être a-t-on beaucoup d’idéal.»


«L’homme n’est pas le problème»


«J’ai participé à toutes les marches sur le climat.» Christophe De Beukelaere embraie sur le sujet du moment. «J’ai ressenti l’intensité de ces marches. Quelque chose se passe. Ce serait un gâchis énorme si on ne prenait pas toute cette énergie et que le politique n’embrayait pas. Il y va de notre bonheur.»

Plus politique, il pointe, pour lui, la différence entre Écolo et le cdH: «Chez les humanistes, l’humain fait partie de l’écosystème, il n’est pas un problème. L’environnement est le reflet de nos vies intérieures, on court trop, on est trop matérialiste. L’homme n’est pas le problème mais fait partie de la solution.

Pour moi, Écolo est trop dans le jugement, dans la contrainte. On doit prôner une écologie qui rassemble. Il faut penser à tout le monde, aux vieux, aux moins nantis, aux familles nombreuses.»Concrètement? «C’est comme ça que l’on propose un programme d’isolation du bâti de 5 milliards d’euros avec des investissements privés qui développerait en même temps les entreprises, les marchés de niche.»


Sérieux pour être pris au sérieux


«Comme président des Jeunes cdH, j’ai plus d’impact que comme échevin. Cela permet d’être présent au bureau politique, avec les étudiants. On a un pouvoir de proposition.»: Christophe De Beukelaere soulève ce point important à ses yeux: «Il faut faire les choses sérieusement pour être pris au sérieux. On a des comptes et budgets nickels. On est respectés.» Ensuite, on peut formuler des propositions: «Et pas que des sujets “jeunes” comme le cannabis. On a rédigé des notes sur les pensions, la fiscalité, la justice, la migration. Parce que ces thèmes concernent aussi les jeunes.»Bref, l’homme ne désespère pas de faire bouger les lignes.

«Pour le programme du cdH, nous avons proposé 94 amendements. Comme la suppression de la Cocof et de la Cocom. Il y a des explications historiques mais 30 ans plus tard, ça ne tient plus. Même chose pour la diminution de la taille des cabinets. L’exécutif a trop de pouvoir sur le législatif. Il faut lui faciliter l’accès à l’administration. Ces points sont passés.» Mais pas les propositions sur le cannabis.


«On est trop idéaliste»


«Est-ce un tremplin? Je ne sais pas. Ma légitimité pour faire bouger les choses, je la tire de mon élection dans ma commune. Dans un parti, c’est essentiel. Mais il n’y a pas que ça, il faut des gens qui ont les connaissances.»Mais en étant dans ce mouvement, c’est l’occasion aussi de croiser le fer. «C’est vrai que j’ai déjà eu de grosses discussions avec Maxime Prévot. Il n’était pas d’accord, il y a eu échange de vues. Pas de bras de fer. Il m’a dit: préviens-moi quand je risque d’être mis en difficulté par vos positions. Quand on est jeune, on peut être plus idéaliste, plus rêveur. Franchement, je ne considère pas les Jeunes cdH comme un tremplin. Bon d’accord, Maxime Prévot a été président des Jeunes cdH de Namur, je pense.»


AU BISTROT


Ils en sont fiers. Les jeunes humanistes ont retapé la bâtisse accolée au siège du parti, à Bruxelles. Là, ils ont ouvert un café citoyen. «Deux à trois fois par mois, on organise un after work où l’on a deux invités pour discuter d’un thème: un expert et un jeune actif dans le secteur. On prend un verre, on discute. Il n’y a aucun racolage. On ne trompe pas les gens. Exemple: pour les élections, on n’a pas utilisé le listing des gens qui sont venus.»

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