"Je tourne une page. Un immense merci à vous toutes et tous qui m’avez aidé à l’écrire." - Christophe De Beukelaer
- Sarah Bwana
- 15 sept.
- 4 min de lecture

Il y a 12 ans, j’ai été élu conseiller communal, puis échevin, député et, maintenant, chef de groupe. J’ai tenté d’exercer ces mandats avec honnêteté, rigueur et détermination. Je me suis engagé en politique pour obtenir des résultats concrets, faire avancer la société sur les sujets qui façonnent l'avenir et servir l'intérêt général. En 12 ans, j'ai pu réaliser des choses dans cet esprit, notamment sur le nucléaire, l’accueil des migrants, la suppression progressive des cabinets ministériels, l’entrepreneuriat, l'innovation, le décumul des mandats, certains dossiers bruxellois ou encore, à Woluwe-Saint-Pierre, la création d’un taxi social pour sortir les seniors de la solitude.
Ce parcours politique m'a énormément fait grandir. J'en retire qu'il faut oser décider et assumer ses convictions, même, et surtout, si ça bouscule l'ordre établi. J'ai aussi appris qu'aller au contact de gens radicalement différents de soi, est une immense richesse qu'il faut cultiver.
Mais j'ai aussi vécu de l'intérieur les limites d'un système politique qui fonctionne trop en réaction à l'émotion, qui appuie sur ce qui nous oppose plutôt que sur ce qui nous unit et qui favorise les décisions court-termistes. Or, je suis un entrepreneur. J'aime voir loin, collaborer, prendre des risques et innover. Dans mon livre « Au-delà du Bruit » j’esquisse les sujets d’avenir sur lesquels je veux travailler comme l'IA, la robotique, l’innovation financière, le référendum, la responsabilisation financière des élus, les pédagogies alternatives pour l'Ecole, l’habitat partagé, l’économie régénérative… Je dois constater que la politique est trop hermétique à ces évolutions.
L’exemple le plus marquant c’est Bitcoin. Quand j’ai commencé à parler en 2020 de ce nouvel outil monétaire, j’étais moqué par l’essentiel du monde politique. Entre temps, son cours a quintuplé et il va bouleverser notre système monétaire. Il est au cœur de la stratégie financière des grandes banques et de plusieurs puissances mondiales dont les USA. Mais en politique belge, je n’arrive toujours pas à créer un vrai débat sur le sujet, malgré l’envoi de notes et de questions aux Ministres, l’organisation de conférences, ou même la conversion de mon propre salaire ! En fait, c’est la société civile qui créé, innove, et la politique s’en empare 10-15 ans plus tard. C’est son fonctionnement, qui a ses raisons. Mais ce n’est pas mon tempérament. J'ai espéré qu'en gravissant les échelons j'allais pouvoir dépasser ces limites pour avoir plus d'impact. Mais non, les mêmes contraintes apparaissent, plus fortes, au niveau supérieur.
Par ailleurs, à Bruxelles, ces 15 derniers mois, il n'a été question chez certains que de luttes d'ego et d'intérêts de partis. Ces attitudes mettent en danger l'autonomie de la région bruxelloise, et laissent immanquablement des traces chez quelqu'un qui aime agir. Comment justifier que notre proposition de responsabiliser financièrement les élus en diminuant leur salaire de 40% en cas de blocage politique, ait été rejetée en bloc ? Mais ma décision n'est pas une réaction à ce spectacle affligeant. C'est beaucoup plus profond que cela : cet été, j’ai acquis la conviction que j'aurai plus d'impact ailleurs.
À partir de ce moment-là, je ne peux plus me trahir. Je renonce donc à devenir ministre et quitterai mes mandats politiques, pour aller servir mes idées dans la société civile. Mais je ne veux pas quitter le navire en pleine crise et resterai donc député, chef de groupe et négociateur pour Les Engagés jusqu'à ce qu'une solution ait été trouvée pour Bruxelles, ou au plus tard fin d’année.
En quittant, je lance aussi un cri d'alarme pour Bruxelles. Cette ville-région, capitale de la Belgique et de l'Europe, a un potentiel énorme. Mais dans tous les partis, les intérêts flamands et wallons priment sur ceux des Bruxellois. Aucune politique de mobilité, d’emploi, de logement… n’atteindra de vrais résultats tant que Bruxelles restera enfermée dans la limite institutionnelle des 19 communes, qu'elle continuera à être sous-financée (perception de l'IPP sur le lieu de résidence, sous-financement fédéral, notamment de la sécurité et de la politique d’accueil...) et qu’elle n’obtiendra pas des Communautés et du Fédéral, des politiques adaptées à ses spécificités. C'est à nous, Bruxellois, d'imposer ces débats. Dans nos partis politiques, et depuis la société civile. Il y a urgence, et personne ne le fera à notre place.
Je resterai membre et en lien avec Les Engagés. Notamment avec Maxime Prévot, Elisabeth Degryse, Gladys Kazadi, nos députés et mandataires locaux avec lesquels j’ai eu la joie de porter notre projet à Bruxelles. Je retrouve chez Les Engagés une haute idée de la politique, du service, des valeurs, et du collectif. Je continuerai, s’ils le souhaitent, à les aider et à les conseiller, sur les sujets évoqués plus haut. J’adresse un message de soutien tout particulier à Yvan Verougstraete, qui mène Les Engagés avec panache et a toutes les qualités pour défendre et faire gagner demain cette vision pour Bruxelles.
Je ne peux pas fermer ce chapitre sans remercier du fond du cœur mon équipe proche. Sans votre engagement, votre fidélité et votre compétence, rien n'eût été possible. Merci aux députés bruxellois avec lesquels on a traversé cette année en formant une équipe soudée et diversifiée, à l'image des Bruxellois qu'on représente. Merci à Maxime Prévot, ça a été un honneur de contribuer à l’émergence des Engagés à tes côtés. Merci à enfin à Benoit Cerexhe qui m'a mis le pied à l'étrier, m'a montré par l'exemple ce qu'est le travail, la détermination et le sens de l'État. Il m'a aussi appris qu'on pouvait travailler sérieusement sans se prendre au sérieux, comme l'a montré en 2012 notre vidéo lipdub Woluwe+ qui reste encore dans les esprits. Aussi, ma prise de conscience n'aurait pas été possible si je n'étais pas entouré d'une famille aimante et d'amitiés solides. Je tente de vous faire sentir au quotidien la chance immense que j'ai de vous avoir dans ma vie.
Finalement, merci à vous, Bruxellois, qui m’avez soutenu tout au long de ce parcours. Ça a été un honneur.
En 2017 dans une carte blanche dans Le Soir, j'écrivais que "la politique est un engagement, pas un métier" et je plaidais pour la limitation des mandats dans le temps. Je joins la parole aux actes. J'espère, modestement, que mon action pendant 12 ans aura suscité l'envie chez d'autres de s'engager, en politique ou ailleurs.
À très vite,
Christophe De Beukelaer






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