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Le Soir: La politique n'est pas un métier - plaidoyer pour le décumul radical


- Article publié sur lesoir.be - La carte blanche est disponible ici.


Si le mandat public en question ne représente qu’un temps partiel, le mandataire complétera son temps de travail par une activité professionnelle en dehors du monde politique.

Les semaines passent et se ressemblent en politique. Chaque semaine, un nouveau scandale. Chaque semaine aussi, de nouvelles propositions perçues comme faibles et peu convaincantes car formulées par des partis politiques qui font eux-mêmes partie de ce qui doit être réformé. Le ras-le-bol ressenti par tous, citoyens engagés en politique ou non, est total. Et profond. Et date de bien avant le scandale Publifin. L’étude Noir-Jaune-Blues l’a encore démontré récemment.


On a atteint un point de non-retour. Alors réjouissons-nous. Oui, réjouissons-nous car cette situation aux apparences décourageantes est en réalité une formidable opportunité pour inventer une nouvelle manière d’organiser nos institutions.


Pour entamer ce débat sereinement, nous exprimons d’abord notre reconnaissance et notre gratitude pour tous les hommes et les femmes politiques qui donnent depuis de longues années du temps, du talent et du cœur dans leurs fonctions. Leur engagement contribue à faire de notre pays un des plus prospères de la planète. Nous remettons en cause le système, pas les personnes qui, pour la grande majorité, travaillent sans compter avec honnêteté, courage et audace.


Mais le monde a changé. On ne répondra pas à ce fameux « blues » en réagissant simplement au scandale Publifin. Il faut penser de manière disruptive. C’est pour cela que, entre autres propositions, nous nous prononçons en faveur d’un décumul radical sous deux axes :


1. Interdire totalement le cumul des mandats publics

Nous souhaitons interdire complètement le cumul entre les mandats publics suivants : membre d’un exécutif communal, membre d’une assemblée parlementaire, membre d’un gouvernement, membre du conseil d’administration d’une intercommunale (y compris les fonctions de présidents et vice-présidents) et d’une entreprise dont une entité publique est un actionnaire significatif. Le raisonnement est simple : 1 personne = 1 mandat = 1 indemnité. Si le mandat public en question ne représente qu’un temps partiel, le mandataire complètera son temps de travail par une activité professionnelle en dehors du monde politique.


2. Limiter dans le temps l’occupation des mandats publics

Nous souhaitons que chaque citoyen n’ait droit qu’à occuper deux fois un mandat public (cité ci-dessus) au cours de sa vie, tous niveaux de pouvoirs confondus. En harmonisant la longueur de tous les mandats à 5 ans, cela permettrait à chaque citoyen de s’engager pendant 10 ans dans nos institutions. Pas plus.


Ce décumul radical dans l’espace (point1) et dans le temps (point 2) permet de répartir le pouvoir entre plus de mains et donc d’impliquer plus de personnes dans la vie politique. Il incite les détendeurs d’un mandat public à garder une vie professionnelle active (pendant et/ou après l’occupation du mandat public), dont l’expérience nourrit l’engagement politique. Il permet au mandataire de se consacrer pleinement à sa tâche et ce, sans penser à sa réélection. Enfin, il favorise le renouvellement des idées et des pratiques et évite l’estompement de la norme constaté aujourd’hui. Si l’expérience politique que permet le système actuel est intéressante, elle sera largement compensée par la richesse de la diversité des expériences de terrain qu’induira la décumul radical.


Pour permettre à notre démocratie de respirer, il faut une plus grande rotation des élus. Un premier pas dans la bonne direction serait de supprimer l’effet dévolutif de la case de tête et d’interdire l’utilisation de la suppléance pour les députés sortants. Mais l’appel que nous lançons c’est de ne pas s’arrêter à ces mesures cosmétiques ! Osons aller jusqu’au fond des choses avec le décumul radical.


Ce décumul radical est aussi d’une grande exigence envers tous les citoyens. Il faudra qu’un grand nombre d’entre nous s’intéresse à la chose publique et accepte d’y consacrer du temps. C’est le prix de la réconciliation. Nos entreprises devront aussi faciliter et valoriser la prise d’un congé politique (parfois à temps partiel) par leurs employés. Ce décumul radical ne sera efficace que s’il est contraignant afin que les règles du jeu soient les mêmes pour tous les partis et à tous les niveaux de pouvoir.


Notre conviction est que la politique n’est pas un métier mais un engagement au service de sa communauté. Le décumul radical est la traduction concrète de cette conviction.

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