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L'Echo : quelles pistes pour adapter notre marché du travail aux exigences de demain ?

- Carte blanche signée avec Georges-Louis Bouchez et Brieuc Van Damme - L'article est disponible ici.


Si les partis politiques se concentrent surtout à souligner ce qui les différencie en période électorale, ce ne sont pourtant pas les défis nécessitant des solutions communes qui manquent… Tel est l’objectif de cette série d’articles qui débute aujourd’hui: tenter d’apporter au-delà des clivages idéologiques et politiques des réponses concrètes aux problèmes les plus pressants. Tous les quinze jours, par groupe de deux ou trois, des politiques aux sensibilités différentes, qui incarnent la génération montante, s’essayeront à penser ensemble des sujets aussi brûlants que l’avenir de l’Europe, les conditions d’un enseignement performant, les enjeux climatiques et de mobilité, la révolution du travail et le revenu universel ou encore les conditions d’une bonne gouvernance politique.


Le premier est délégué général du MR; le second est entrepreneur et président des jeunes cdH; le troisième est fondateur de la firme de conseil Bære et membre de l'Open Vld. Ils écrivent à titre personnel.

Le monde du travail connaît une profonde mutation. Si les trois précédentes révolutions industrielles ont suscité inquiétudes et progrès, la quatrième questionne davantage, tant la numérisation de l’économie bouscule tous les secteurs.


Cette révolution, comme les précédentes, sera destructrice et créatrice d’emploi. L’OCDE a ainsi calculé que d’ici 15 ans, 40% des emplois sont directement menacés de disparition. Ce ne sont plus seulement les emplois manuels qui sont touchés, mais aussi les tâches répétitives dans les secteurs du service. Les tâches nécessitant de l’expertise pointue ou de l’écoute et de la bienveillance vont, par contre, se développer.

Pour faire face à cette révolution, notre système éducatif conçu sur le canevas d’une société productiviste ne produit pas les talents correspondant aux nouvelles demandes. Les employeurs s’en plaignent. Les jeunes en souffrent.

Face à ces nouveaux défis, quelles sont les solutions? Quatre piliers doivent voir le jour pour opérer l’entrée du monde du travail dans le 21ème siècle.


Le CV anonyme doit devenir la norme


Selon nous, la première étape consiste à aider chacun à trouver un travail rémunéré. Le travail occupe un rôle central dans la société et permet à chacun d’y trouver sa place. Il permet de contribuer ainsi au mieux-être (au lieu du plus avoir) de sa famille, de sa communauté, de sa région.

C’est un droit qui ne peut souffrir d’aucune discrimination. L’âge, l’origine, une situation physique, familiale ou personnelle spécifique ne peuvent être des motifs de non-employabilité. Pour ce faire, le CV anonyme doit devenir la norme pour que seules les compétences soient prises en compte.

La deuxième nécessite une adaptation du droit du travail et des modes de rémunération. L’automatisation invite à la mise en place de nouvelles solutions combinant flexibilité, autonomie, responsabilité et sécurité.

Le système "command and control" est révolu et la génération des Millenials aspire à plus de sens, d’autonomie et d’équilibre entre la vie professionnelle et privé. À côté du contrat de travail classique se développent de nouvelles formes de collaboration. Un rapprochement des statuts doit être envisagé pour plus de flexibilité et une protection sociale plus uniforme.

Vue en plein écran

La troisième étape passe par une révision du financement de la protection sociale. Selon l’Organisation International du Travail, l’Européen actif vit en moyenne dix ans de plus et travaille dix ans de moins qu’en 1970. La population active est vieillissante, stationnaire voire en baisse comme en Allemagne. Le système de sécurité social est déficitaire et donc joue sa survie.


Fiscaliser la sécurité sociale?


Afin d’assurer une solidarité entre tous les citoyens même s’ils ne sont pas exposés aux risques de la même manière, nous suggérons d’étudier des formules alternatives pour élargir la base de financement de la sécurité sociale soit en élargissant les cotisations à d’autres revenus comme en France, ou en fiscalisant tout ou partie de la sécurité sociale.

S’il y a fiscalisation, il faut trois balises: une révision à la baisse des plafonds fiscaux, une progressivité plus linéaire de l’impôt et la fin de la cogestion de ces fonds par les partenaires sociaux puisque les ressources financières viendraient directement des contribuables. La fiscalisation permettrait de diversifier les ressources de financement de la protection sociale en y ajoutant la fiscalité sur les comportements polluants et la consommation.

Vue en plein écran

Dernière étape: Une implication du système éducatif et des entreprises dans la mise en place de nouvelles compétences à savoir les sciences, les technologies mais aussi la créativité, la pensée critique et systémique. Investir dans l’éducation et la formation représente les passerelles pour se préparer aux effets des nouvelles technologies sur l’emploi. C’est grâce à cette montée en compétences que les entreprises trouveront les travailleurs qualifiés dont elles ont besoin.


Compte carrière


Mais ces compétences sont rapidement obsolètes. Il faut donc assurer leur mise à niveau. Pourquoi ne pas donner à chaque jeune qui démarre sa vie professionnelle un compte carrière qui détiendrait un certain nombre de points qui lui permettra — au cours de sa carrière d’alterner le travail avec des périodes de formation, des congés sans motif, des congés de maternité/paternité, des moments libres pour créer son entreprise, etc.

Ce capital point s’utilise mais peut aussi se reconstituer suite aux événements qui parsèment la carrière (restructuration, ancienneté, zone de développement préférentiel, récupération de congés,…).

La réponse aux questions que tout le monde se pose sur le futur du travail est importante. Car chacun doit être convaincu que demain sera mieux qu’aujourd’hui et qu’il y aura sa place.

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