Les compteurs électriques digitaux permettent de diminuer la consommation d'électricité et de lisser la demande. C'est un investissement rentable, un bel exemple de la relance verte dont tout le monde parle. Il faut y aller! Aujourd'hui, BXL avance 12 fois moins vite que la Flandre...
Le CDH presse Bruxelles de déployer plus vite des compteurs d’électricité intelligents La Libre Belgique, Dim. 13 déc. 2020 C’est un petit boîtier digital, capable de recevoir et de transmettre des données à distance, qui est aujourd’hui considéré comme un outil incontournable pour relever le défi de la transition énergétique : le compteur d’électricité dit "intelligent" ou "communicant". En Europe et en Belgique, des milliers d’industriels sont d’ores et déjà équipés de ces boîtiers qui envoient toutes les quinze minutes aux consommateurs les index. Chez les particuliers, des centaines de modèles connectés parmi les plus récents ont été placés dans le cadre de projets pilotes. L’intérêt d’un tel outil : permettre au citoyen de prendre connaissance de sa consommation d’électricité en temps réel et, grâce à cela, d’adapter son comportement en conséquence. En toute connaissance de cause, vous choisirez par exemple de recharger votre voiture électrique lors des pics de vent ou de soleil. "Avec l’essor des énergies renouvelables, notre production d’électricité est forcément moins stable qu’auparavant", expose le député bruxellois de l’opposition, Christophe De Beukelaer (CDH). "Il y a, par conséquent, des moments où l’électricité est plus abondante qu’à d’autres. Le compteur intelligent permet de lisser la demande et de faire face à des tarifs variables", explique-t-il. Des études démontrent que l’usage d’un compteur d’électricité intelligent diminue de 2 % en moyenne (entre 0,5 % et 3,5 %) la consommation d’électricité. À Bruxelles, 9 000 compteurs d’électricité intelligents sont installés chaque année sur le territoire. À partir de 2022, la Région passera à 33 000 compteurs par an. Mais voilà, pour Christophe De Beukelaer, c’est largement insuffisant et, surtout, bien trop lent. L’intéressé livre ses calculs : à ce rythme, il faudra entre 20 et 25 ans pour que l’ensemble des 570 000 ménages et environ 100 000 PME bruxellois soient équipés. "Une éternité", fustige-t-il. Pour prendre un point de comparaison, le député régional épingle le cas de nos voisins flamands qui installent 33 000 compteurs par mois, avec l’objectif d’équiper en compteur intelligent 80 % des consommateurs d’ici 2024.
Pour atteindre ce même objectif, transpose Christophe De Beukelaer, la Région bruxelloise devrait installer 150 000 compteurs (au lieu des 33 000) par an. Sachant que la durée de vie d’un compteur intelligent est de 15 ans, le coût total pour équiper tous les foyers et petites entreprises bruxellois de ces compteurs est de 200 millions d’euros. Un investissement important pour la Région qui, selon le député CDH, est rentable. D’après ses calculs, une fois que toute la capitale sera équipée de cette technologie, le gain total sera de 17 millions d’euros et les dépenses de 13 millions d’euros par an. Le bénéfice net pour les Bruxellois s’élève ainsi à 4 millions d’euros par an. "Le ministre Maron n’a donc aucune raison objective de traîner", martèle M. De Beukelaer. Qui épingle au passage des postures d’ordre politique, comme le fait que le PS - partenaire de l’exécutif bruxellois - craint que ces compteurs intelligents ouvrent la voie à des coupures d’électricité plus aisées pour les clients qui ne paient pas. Convaincre le consommateur Contacté, le ministre bruxellois de l’Énergie et de l’Environnement rappelle d’abord que le plan d’investissement de Sibelga, le gestionnaire des réseaux de distribution d’électricité et de gaz à Bruxelles, prévoit d’ores et déjà des montants substantiels pour placer ces compteurs intelligents.
S’il confirme que la volonté du gouvernement bruxellois est bel et bien de déployer encore plus cet outil dans les ménages et PME de la capitale, il épingle ceci : "Aujourd’hui, je constate que ces compteurs communicants ne font rien pour le consommateur puisqu’ils ne lui permettent pas à ce stade d’obtenir de manière virtuelle les informations sur sa consommation." Et Alain Maron (Écolo) d’insister : "Les compteurs intelligents ne doivent pas servir uniquement au gestionnaire des réseaux de distribution." Actuellement, Sibelga doit en fait convaincre les consommateurs de l’intérêt d’un compteur intelligent : il ne peut pas le leur imposer, sauf s’ils font partie des segments prioritaires (prosumers, gros ou nouveaux consommateurs…). Jeudi, le gouvernement bruxellois a adopté en première lecture l’ordonnance gaz et électricité qui transpose les directives européennes en la matière. Le texte prévoit aussi une évaluation de la situation au terme de l’année 2023 afin de voir s’il y a lieu, le cas échéant, de déployer de manière obligatoire ces compteurs intelligents sur le territoire de la capitale.
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