La participation citoyenne est sur toutes les lèvres. Mais fonctionne-t-elle vraiment ?
Je remarque que souvent les réunions de citoyens, de quartier, convoquées par exemple pour la réfection d’une voirie, sont accaparées par des gens déjà convaincus d’une idée, souvent militants de longue date. Leur avis pèse démesurément dans la concertation malgré qu’ils ne représentent souvent qu’eux-mêmes ou une petite tendance. L’avis du plus grand nombre ne semble pas ou faiblement représenté. L’alternative à ces invitations générales qui n’attirent que les militants, c’est le tirage au sort. C’est ce qu’ont proposé les Parlements bruxellois avec les commissions mixtes, composées de citoyens et de députés. J’ai soutenu cette idée. Elle avait le mérite de tenter quelque chose de fort et de nouveau. Deux ans après son lancement, je pense malheureusement que ce n’est pas la bonne formule. Le dispositif coûte très cher, les citoyens qui participent mettent du temps à être informés, le choix des experts influence démesurément les délibérations, c’est extrêmement chronophage pour tout le monde et les conclusions enfoncent souvent des portes ouvertes.
Pour autant, ces dispositifs ne doivent pas être balayés d’un revers de la main. Je pense que certaines formes de ces participations citoyennes ont leur utilité pour faire évoluer la réflexion et nourrir le débat public sur un projet. Mais à la fin, ce n’est pas suffisant pour prendre la décision. A cette tentative de démocratie participative, je préfère la démocratie directe. Je pense qu’il faut aller un pas plus loin et oser installer une culture du referendum.
La véritable essence de la démocratie réside dans la participation et la consultation des citoyens. Le référendum est l'outil par excellence pour donner cette opportunité aux gens de s'exprimer et de contribuer aux décisions qui les affectent directement. Plutôt que de déléguer le pouvoir à une élite politique, nous devons reconnaître que la somme des opinions de chacun est souvent plus grande et plus équilibrée que celle de cette « élite ». Sur certains sujets, le rôle du Parlement sera de préparer et de proposer, et ensuite c’est aux citoyens de décider via referendum. Le referendum doit aussi pouvoir être demandé par la population avec un seuil minimal de signatures.
Jusqu’ici le referendum était difficile à mettre en place par manque de temps, d’outils informatiques adéquats, de canaux d’information pertinents. Mais entre-temps Internet est apparu, et maintenant même la blockchain qui permet d’assurer la totale instantanéité et sécurité du vote à distance. Nous avons à présent les outils efficaces pour que tout le monde puisse s’informer et voter dans de bonnes conditions.
Bien entendu, ce referendum ne peut pas fonctionner sans une série de balises qui sont véritablement indispensables.
Instaurer une culture du referendum.
Cela ne peut se décréter du jour au lendemain, au risque de revivre le syndrome du Brexit où les Anglais, rarement habitués à être consultés directement, se sont laissés emporter par des discours populistes dans les deux sens. Non, il faut d’abord se mettre d’accord sur un horizon, sans doute de 5 à 10 ans, pour instaurer petit à petit cette culture. Cela doit commencer par des sujets locaux très palpables pour aboutir à la fin à des referendums réguliers, tous les 3 mois par exemple, sur des sujets plus complexes et délicats. Cette période doit s’accompagner de formation et d’information sur le système qui est mis en place mais aussi sur la façon de s’informer, la vérification des sources, etc. L’objectif est d’arriver à un système de votation à la Suisse.
Le referendum doit être décisionnel.
Ce qui abîme la démocratie c’est quand les citoyens s’expriment clairement mais que les gouvernements font le contraire. Le référendum français sur le traité établissant une Constitution pour l'Europe a, à cet égard, laissé des traces. Alors que le Non l’a emporté, les dirigeants ont, 2 ans plus tard, voté le Traité de Lisbonne qui reprend peu ou prou les mêmes dispositions sous une autre forme. Je suis un fervent défenseur de la construction européenne mais la culture du referendum ne peut tenir que si les décisions qui en sortent sont effectivement appliquées.
Pour conclure
Le référendum témoigne de la foi en l’être humain. Il exprime la conviction que l’humain est la solution et non le problème. C’est aussi la foi en la capacité de l’Homme de se responsabiliser. Pour avoir le droit à cette démocratie directe, les citoyens doivent s’investir politiquement beaucoup plus qu’aujourd’hui où les élections ressemblent de plus en plus à une manière de se débarrasser de cet effort. Pourtant, la survie de nos démocraties est à ce prix car c’est aussi en se mouillant dans la décision, que les citoyens en reconnaîtront la légitimité.
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