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« Il faut élargir la Région bruxelloise » Interview dans La Capitale

Lun. 25 jan. 2021, Page 6 Pour Christophe De Beukelaer, le gouvernement bruxellois manque de vision et de méthode dans de nombreux dossiers. Le député bruxellois réclame également la mise en place de la communauté métropolitaine et évoque un possible élargissement des frontières de la Région bruxelloise. Vous êtes le Monsieur Mobilité du cdH bruxellois. Comment expliquez-vous que cette thématique soit aussi clivante dans une région comme Bruxelles ? Je pense que c’est une question de changement. Mon sentiment, c’est que Bruxelles a couru un peu comme une poule sans tête. On a eu le début de la Région bruxelloise, incarné par Picqué et Simonet. Ils ont incarné une vision urbaine. Aujourd’hui, on est 30 ans plus tard avec un déficit. Il n’y a plus personne qui incarne ce combat bruxellois. Il manque une vision globale à Bruxelles. Et c’est ça aussi qui pose problème pour la mobilité. Il n’y a pas de vision partagée au sein du gouvernement bruxellois. Il est divisé sur les questions de mobilité. Cela n’incite pas la population à s’inscrire dans cette vision. Ensuite, le gouvernement travaille sans méthode. J’ai été le premier à défendre, depuis l’opposition, les pistes cyclables en disant qu’utiliser la crise comme tremplin pour une série de changements, c’était bien. Mais il faut que les gens se sentent épaulés. On installe les pistes cyclables puis on vient avec la taxe kilométrique qui n’est pas concertée et sans penser à toutes les personnes qui n’ont pas d’alternatives.

Vous êtes contre la taxe kilométrique ? Je pense qu’il faut réformer la fiscalité automobile. On aboutira tôt ou tard à une taxe kilométrique ou à un péage urbain. Mais il faut le faire de manière échelonnée. Au cdH, nous proposons quatre étapes. D’abord, on se met d’accord sur une liste d’alternatives comme le covoiturage, augmenter la capacité de la Stib aux heures de pointe, finaliser le RER… Et on s’engage à mettre en place ces alternatives dans un délai de 5 ans. Cela laisse 5 ans pour faire la concertation avec la Flandre et la Wallonie. J’entends que cela commence à bouger du côté flamand et wallon. Et pendant ces 5 ans, on met en place une incitation avec un bonus sous forme de petite prime de soutien à ceux qui sont déjà capables de changer de comportement aujourd’hui. Dans une vision globale comme ça, on peut venir dans cinq ans avec une taxe kilométrique sans prendre personne en otage

. Vous n’êtes pas opposé au principe de la taxe kilométrique. Mais SmartMove… Cela ne va pas. C’est non. Une taxe kilométrique maintenant à Bruxelles uniquement, c’est inacceptable. On va rater l’objectif. Il faut créer une dynamique. Une voiture coûte déjà tellement cher aujourd’hui que la petite taxe supplémentaire, ce n’est pas ça qui va être fondamental dans le comportement des gens.

Même au niveau des navetteurs ? Il y a plein de cas différents. Cela va être embêtant mais cela ne va pas suffire à ce que les gens changent de comportement. Ce qu’il faut, c’est accompagner, inciter, montrer les alternatives et créer une dynamique. Et c’est ce que le gouvernement est incapable de faire. Dans les négociations, Bruxelles part avec un handicap terrible puisque le gouvernement s’est déjà fâché avec tout le monde avant de commencer. Le gouvernement aurait d’abord dû aller voir les autres avant de venir avec une proposition. Là, il est en train de bousiller le dossier.

Vous êtes récemment monté au créneau sur l’état d’avancement de la communauté métropolitaine. Pourquoi ? Il y a eu la sixième réforme de l’État qui prévoyait deux choses. Régionaliser une série de compétences et créer cette communauté métropolitaine pour que Bruxelles puisse enfin respirer et vivre dans son véritable bassin socio-économique qui est plus large que les 19 communes. Il s’agit d’une couronne autour de Bruxelles. La communauté métropolitaine est un organe qui force toutes les parties à coopérer sur tous les sujets qui touchent Bruxelles et ses alentours. Mais aujourd’hui, on a fait la première partie de la réforme de l’État mais on n’a pas mis en place cette communauté métropolitaine. Et, tout le monde s’en fout. Mais cela ne va pas. La réforme de l’État n’est pas juste un supermarché où on prend ce qui nous intéresse. Il faut pouvoir mettre en place cette communauté métropolitaine et je n’accepte pas, aujourd’hui, que le gouvernement bruxellois laisse faire. Si on n’est pas ferme là dessus quelle est encore la crédibilité de Bruxelles dans les grandes négociations institutionnelles de demain ?

Vous êtes favorable à un élargissement de la Région bruxelloise ? Dans le cadre de futures négociations institutionnelles, il ne faut pas avoir de tabou et notamment parler d’un élargissement de Bruxelles. Tout le monde y gagnerait. Je suis convaincu de ça. J’ai fait mes études en flamand. Mes parents sont Anversois. Une Région bruxelloise élargie, c’est aussi une représentation flamande beaucoup plus puisque le gouvernement s’est déjà fâché avec tout le monde avant de commencer. Le gouvernement aurait d’abord dû aller voir les autres avant de venir avec une proposition. Là, il est en train de bousiller le dossier.

Vous êtes récemment monté au créneau sur l’état d’avancement de la communauté métropolitaine. Pourquoi ? Il y a eu la sixième réforme de l’État qui prévoyait deux choses. Régionaliser une série de compétences et créer cette communauté métropolitaine pour que Bruxelles puisse enfin respirer et vivre dans son véritable bassin socio-économique qui est plus large que les 19 communes. Il s’agit d’une couronne autour de Bruxelles. La communauté métropolitaine est un organe qui force toutes les parties à coopérer sur tous les sujets qui touchent Bruxelles et ses alentours. Mais aujourd’hui, on a fait la première partie de la réforme de l’État mais on n’a pas mis en place cette communauté métropolitaine. Et, tout le monde s’en fout. Mais cela ne va pas. La réforme de l’État n’est pas juste un supermarché où on prend ce qui nous intéresse. Il faut pouvoir mettre en place cette communauté métropolitaine et je n’accepte pas, aujourd’hui, que le gouvernement bruxellois laisse faire. Si on n’est pas ferme là dessus quelle est encore la crédibilité de Bruxelles dans les grandes négociations institutionnelles de demain ?

Vous êtes favorable à un élargissement de la Région bruxelloise ? Dans le cadre de futures négociations institutionnelles, il ne faut pas avoir de tabou et notamment parler d’un élargissement de Bruxelles. Tout le monde y gagnerait. Je suis convaincu de ça. J’ai fait mes études en flamand. Mes parents sont Anversois. Une Région bruxelloise élargie, c’est aussi une représentation flamande beaucoup plus forte à Bruxelles. Dans cet esprit-là, on peut avoir une véritable Région tout à fait bilingue puisque la représentation flamande serait garantie par le nombre et on aurait enfin un Bruxelles qui pourrait vivre dans son bassin de vie socio-économique. Les gens qui habitent autour de Bruxelles se sentent Bruxellois. Et cet élargissement pourrait se faire sur base de la taille de la communauté métropolitaine.

Quels seraient les intérêts pour la Région bruxelloise ? Aujourd’hui, on est coincé sur plein de sujets, notamment la mobilité. Élargir nos frontières permettrait d’avoir une harmonie. Et cela irait de pair avec la suppression d’une série d’institutions comme la Cocom, la Cocof… Les matières communautaires ne seraient plus gérées à Bruxelles que par un seul gouvernement avec, pourquoi pas sur certaines matières, des majorités spéciales dans le parlement, pour être certain qu’autant les Flamands et les francophones soient d’accord.


Des compteurs intelligents, plus vite


Le député bruxellois Christophe De Beukelaer (cdH), plaide pour une généralisation rapide des compteurs électriques intelligents. « Les compteurs intelligents sont des compteurs communicants. Ils calculent ce qui rentre comme le compteur électrique traditionnel. Mais ils sont capables d’envoyer des signaux. Il est ainsi possible de suivre sa consommation en temps réel. Cela permet aussi des tarifications différenciées. Aujourd’hui, c’est le jour ou la nuit. Mais avec ce système, cela peut être en été à midi que cela coûte beaucoup moins cher. Quand il y a beaucoup de vent et du soleil, les tarifs sont moins chers. Cela aussi peut fonctionner en fonction de la demande. Ce système permet de davantage monitorer. Ces compteurs permettent de diminuer la consommation des ménages car on peut mieux suivre sa consommation et ils aident à identifier un appareil qui consomme trop. Comme on est plus conscient, on consomme moins. Et si on s’adapte aux modalités du réseau à ce moment-là, cela permet de mieux gérer et de diminuer la pression sur le réseau. C’est donc une clé de voûte du changement climatique », avance Christophe De Beukelaer qui a réalisé des calculs. « C’est un investissement rentable comme l’isolation. Il faut absolument le déployer. Bruxelles est super en retard. Aujourd’hui on est à 9.000 installations par an. Alain Maron (NDRL : le ministre bruxellois de l’environnement) a annoncé vouloir passer à 30.000 par an alors que la Flandre en installe 30.000 par mois !

Si on continue à ce rythme-là, on va mettre 25 ans avant d’équiper tous les raccordements au compteur intelligent. On doit aller beaucoup plus vite. D’ici 2024, la Flandre aura équipé 85 % de tous ses compteurs. Il faut qu’on accélère, surtout que c’est rentable pour le CO2. On doit aussi susciter des filières de création et de production de ces compteurs intelligents car on va devoir en installer 500.000 en région bruxelloise. ».


«Georges-Louis Bouchez ridiculise l’engagement politique»

Christophe De Beukelaer a travaillé dans le secteur privé avant de se lancer en politique. Il possède d’ailleurs toujours son entreprise en parallèle à sa fonction de député. Et l’humaniste porte un regard critique sur la façon dont certains élus font de la politique aujourd’hui. « Je suis un peu effaré quand je vois des jeunes de mon âge en politique, qui viennent avec un ton très présomptueux. La politique, c’est d’abord de l’écoute. Quand je vois des collègues dans les autres partis qui viennent à tout va sur les réseaux sociaux juste pour faire du like, je ne comprends pas. Georges-Louis Bouchez est avec son chien, qui n’est même pas le sien, juste pour faire le buzz. Il communique tellement surtout qu’il dit tout et son contraire. Il est clairement ce que je ne veux pas être en politique. Il recherche le buzz et à diviser », avance Christophe De Beukelaer.

« Dans le privé, j’ai aussi appris à parler là où j’ai une valeur ajoutée. De ne pas tout le temps avoir un avis sur tout pour me faire entendre. Cette façon de faire de certains participe à la ridiculisation de l’engagement politique, des hommes politiques et à cette méfiance des citoyens envers le monde politique. On se ridiculise en étant tout le temps à la recherche du like et des phrases assassines. La politique est quelque chose de grave. On peut le faire avec beaucoup de simplicité et d’enthousiasme, mais il faut le faire avec sérieux et savoir pourquoi on le fait.


Aujourd’hui, on a complètement perdu ça. J’ai envie d’incarner une façon sérieuse de faire de la politique, en intervenant quand c’est utile, en connaissant mes dossiers, et en osant pendre des risques. Il est aussi important de reconnaître ses erreurs et de les assumer », poursuit notre interlocuteur.

On l’aura compris, Christophe De Beukelaer n’est pas un grand fan de Georges-Louis Bouchez.

Interview réalisée par Isabelle Anneet




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