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Photo du rédacteurChristophe De Beukelaer

Nucléaire

Dernière mise à jour : 25 août 2023


Depuis 2015 et les Accords de Paris, il est évident qu'il faut renforcer le nucléaire dans notre mix énergétique. Pourtant, depuis la loi de sortie votée par les MR, PS et Ecolo en 2003, personne n'ose le dire. Par méconnaissance du dossier ou par peur de la réaction de la population, les politiques ont contribué à attiser les peurs sur les déchets, qui sont pourtant tout à fait maitrisables grâce à la réduction drastique de leur volume et de leur longévité, et sur le risque d'accident. Or, si aucun décès ne peut être minimisé, il faut admettre qu’aucun accident nucléaire n’a causé les catastrophes sanitaires brandies par certains. En effet, sur les 450 réacteurs nucléaires actifs dans le monde, les deux seuls incidents mortels sont ceux de Maïak (en 1957, 200 morts) et Tchernobyl (en 1989, 50 morts et 16.000 cancers selon l’AIE et l’ONU). A Fukushima (2011), aucun mort du à l’incident nucléaire n’a été rapporté ! Si on compare ça aux nombres de victimes qui sont déjà aujourd'hui dus au changement climatique, ce n'est qu'une goutte d'eau.


Quand je suis devenu député en 2019, j'ai fait du nucléaire une priorité (cfr article ci-dessous, entre autres). J’avais peu d’alliés: "Tu as raison, mais c’est pas un bon sujet, les gens ne sont pas prêts à l'entendre". La Ministre de l'Energie de l'époque, M-C Marghem (MR), qui crie très fort aujourd'hui avec son Président de parti, a pourtant organisé la fermeture des centrales nucléaires pendant tout son mandat. Quel gâchis! Car c'est bien pendant la législature précédente qu'il y a eu l'Accord de Paris et une coalition avec la NVA et sans les Ecolos.

C'était le momentum pour négocier correctement avec Engie qui était à ce moment-là, demandeuse de prolonger le nucléaire pour amortir ses centrales. Manque de vision ou de courage politique? Le résultat est le même.


Ensuite, Les Engagés ont été les premiers à militer avec force pour le nucléaire. Avec la guerre en Ukraine, les autres partis ont fini par suivre. Le gouvernement a commencé à négocier avec Engie pour la prolongation. Mais c'était trop tard, Engie avait déjà lancé le démantèlement et s'est retrouvé dans une position de force pour la négociation. Résultat? Un accord annoncé en grandes pompes cette semaine mais qui est très mauvais:

  1. Le prolongation concerne seulement 2 réacteurs. Ce sera toujours insuffisant pour répondre à nos besoins. On deviendra donc dépendant de l'étranger et on continuera à dépendre largement de l'électricité intense en CO2. Quel gâchis.

  2. La prolongation n'est que pour 10 ans alors que techniquement, on aurait pu aller jusqu'à 20 au moins. En gros, ça nous donne RDV dans 5 ans pour renégocier avec Engie qui sera encore plus en position de force. Quel gâchis.

  3. Engie va assumer un coût de 15 milliards d'€ pour les déchets. C'est beaucoup moins que le coût (33 milliards d'€) estimé par le gouvernement lui-même. Qui va donc payer la différence? L'État dans les prochaines décennies !

  4. En attendant, le gouvernement n'investit pas dans le nucléaire du futur. Ils avaient promis 100M€ pour le faire mais on a appris cette semaine qu'une grande partie de cet argent a été dévoyé par Thomas Dermine pour autre chose (le programme spatial). Quel gâchis.

En résumé: beaucoup de comm' de tous les partis depuis des années, mais un manque de vision et de courage politique qui nous met tous dans la m**** au niveau de l'énergie pour les prochaines années: dépendance géopolitique, émissions de CO2 et prix élevés. Oui, quel gâchis!

Dans l’immédiat, il faut continuer le combat pour que la Belgique et l’Europe soient à la pointe du nucléaire du futur. Plus fondamentalement, la politique doit se baser sur les faits et pas sur l’émotion.

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