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CLIMAT : "L'écologie-gadget, cela doit s'arrêter" (La Libre)

Photo du rédacteur: Christophe De BeukelaerChristophe De Beukelaer

Retrouvez ci-dessous mon interview dans La Libre de ce lundi 21 septembre 2020


Il est temps de sortir l’artillerie lourde sur le plan climatique, dit en substance le CDH. Le député bruxellois Christophe De Beukelaer, qui pilote la réflexion énergie/climat dans le cadre de la refondation de son parti, propose une série de mesures qu’il juge urgentes en regard de la relance qui se met en place en Europe.


“En Belgique, dit-il, on est train de rater l’occasion d’avancer sur les objectifs climatiques grâce aux plans de relance, certainement en région bruxelloise. Le plan de relance bruxellois est risible : 120 millions d’euros… Alors que les mesures d’aide face à la pandémie ont déjà coûté 500 millions. Les plans de relance doivent être beaucoup plus ambitieux et être des plans climatiques.” “Il faut pouvoir prendre la mesure des efforts qu’il reste à faire, poursuit le député. On a diminué les émissions de gaz à effet de serre de 20 % en trente ans, depuis 1990 (année de référence). Mais, si on regarde les courbes, les efforts n’ont été faits qu’à partir de 2005, ces quinze dernières années. Pour diminuer les émissions de 55 % d’ici 2030, un objectif sur lequel les gouvernements sont en train de s’accorder, on va devoir faire deux fois plus d’efforts en deux fois moins de temps…”

M. De Beukelaer plaide pour “un changement de méthode”. “L’écologie-gadget, ça doit s’arrêter. Quand le ministre bruxellois Alain Maron (Écolo) pose, en pleine pandémie, sur l’avenue du Roi pour proposer d’y faire un champ de céréales, c’est grotesque. Même chose pour le maire de Bordeaux qui ne veut plus de sapin de Noël dans sa ville. À côté, il y a aussi les écolos-idéologues, pour qui l’écologie est quasi une religion, une lutte sur des symboles. Moi, je me définis comme un climato-pragmatique. On peut construire un récit positif sur ce changement climatique si on y va à fond et, demain, la Belgique pourra exporter son savoir-faire.”

1. La prolongation de centrales nucléaires

“On doit prolonger certains réacteurs nucléaires”, clame Christophe De Beukelaer, alors que la sortie du nucléaire en Belgique est prévue en 2025. “Dans quelle folie vivent ceux qui veulent construire de nouvelles centrales au gaz au lieu de laisser quelques réacteurs ouverts ? On ne va pas minimiser le problème des déchets ou des risques inhérents au nucléaire. Mais la prolongation de réacteurs signifie moins de CO2 et un coût moindre de l’électricité, sans freiner le développement du renouvelable.”

2. Des compteurs intelligents et des communautés d’énergie partout

“Les citoyens doivent devenir les acteurs de leur consommation et de leur production d’énergie.” Le député bruxellois plaide pour l’installation rapide de compteurs intelligents dans tous les foyers belges. Dont coût, pour au moins six millions de raccordements : 160 millions d’euros

par an, “dont l’essentiel doit être pris en charge par les pouvoirs publics”. “Ce compteur va permettre d’adapter sa consommation au moment où l’énergie renouvelable est disponible.” Pour la production, il propose un objectif : “une communauté d’énergie par commune d’ici 2030 en Belgique”. Ces communautés d’énergie sont des regroupements d’entreprises et de citoyens qui produisent leur propre énergie.

3. Plus d’1 milliard d’euros par an pour l’isolation des logements

“On doit rénover de trois à cinq millions de logements d’ici 2050. Cela représente entre 150 et 250 milliards d’euros d’investissements sur trente ans. On estime qu’il faut 20 % de soutien public pour encourager ce genre de travaux. Soit de 30 à 50 milliards d’euros en trente ans d’aides publiques ; entre 1 et 1,5 milliard par an. Aujourd’hui, on est à 400 millions par an en Belgique. On doit faire trois ou quatre fois plus.”

Pour les 80 % à charge des particuliers, Christophe De Beukelaer propose des pistes d’aide, par exemple allonger les périodes de crédit, jouer sur la TVA ou moduler le précompte immobilier en fonction de l’efficacité énergétique du logement.

4. Des déplacements plus verts et surtout plus courts

Un moyen efficace de diminuer les nuisances liées à la mobilité consiste à, simplement, réduire les déplacements. L’élu CDH veut “inciter les gens à aller habiter près de leur lieu de travail ou de l’école. Ce qui freine les gens à déménager, ce sont les droits d’enregistrement, un gros montant à payer en une fois lors de l’achat du bien. On doit lisser cette dépense sur la durée de vie du bien”, par exemple “en remplaçant les droits d’enregistrement par un impôt annuel”.

Pour les navetteurs, M. De Beukelaer propose le bonus “Go Brussels”. Il s’agit d’une prime de 3 euros par voyage donnée à l’automobiliste qui accepte de troquer sa voiture contre un autre moyen de déplacement pour entrer chaque jour dans Bruxelles. Ce soutien, évalué à 18 millions d’euros par an, serait temporaire, le temps d’adopter le nouveau comportement et de développer les alternatives (RER, pistes cyclables, etc.). “Dans un deuxième temps, on pourra avoir un système plus coercitif, comme le péage urbain.”


Antoine Clevers, La Libre belgique, 21 septembre 2020





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